mardi 11 août 2015

Marguerite Boucicaut

Une grande dame     




Rien ne prédisposait la petite Marguerite Guérin à devenir millionnaire et à avoir un square à son nom avec sa statue en bonne place à Paris.
Née le 3 janvier 1816 à Verjux en Saône-et-Loire d’une jeune fille séduite puis abandonnée, elle quitte l’école rapidement. Jeune fille intelligente, au grand coeur, éduquée avec des valeurs morales solides comme l’amour du travail bien fait, l’honnêteté et la solidarité, elle épouse un commerçant du nom d’Aristide Boucicaut, propriétaire du Bon Marché rue du Bac à Paris.
Ils sont l’un comme l’autre passionnés par leur commerce et écoutent avec attention les explications d’un ami de retour de New York. Ils apprennent qu’un dénommé Stewart a organisé sa surface de vente en différents rayons autonomes. Chaque espace est dirigé par un chef de rayon qui gère une certaine somme d’argent, le résultat en étant tiré chaque trimestre.
Les époux Boucicaut sont les premiers à mettre en oeuvre cette méthode en France et la dernière semaine de chaque trimestre, on solde les « fins de série » afin de repartir pour un nouveau trimestre avec une nouvelle somme à gérer.
Ils imaginèrent beaucoup d’autres innovations qui sont maintenant la règle partout en France : des étiquettes avec des prix fixes, la possibilité d’entrer librement et de se promener dans le magasin, la possibilité de rapporter un article dont on n’est pas satisfait, le catalogue de vente par correspondance, la livraison à domicile…
Le chiffre d’affaire s’envole, le demi-million de francs est multiplié par six en moins de cinq ans puis on atteint 123 millions en 1887.
Évidemment, leur réussite fut copiée : le XIXème siècle vit peu après ces précurseurs l’explosion des grands magasins parisiens (Les Grands Magasins du Louvre, Le Printemps, La Samaritaine, La Belle Jardinière) dont Emile Zola dira dans « Au Bonheur des Dames » : « Une cathédrale de commerce pour un peuple de clients ».
Savez-vous que la Samaritaine fut créé par une ancienne employée du Bon Marché : Marie-Louise Jaÿ aidée par son mari Ernest Cognacq, un ancien colporteur. Oui, la rue  Cognacq-Jaÿ porte leur nom.
Mais les Boucicaut ne se contentèrent pas d’être révolutionnaires en mercatique, ils innovèrent aussi socialement et c’est bien sûr à ce titre qu’ils sont honorés aujourd’hui.
Ensemble, ils créent en 1876 la caisse de prévoyance des employés, alimentée exclusivement par les bénéfices de l’entreprise et destinée aux employés ayant plus de cinq ans d’ancienneté.
Le 26 décembre 1877, Aristide décède, laissant Marguerite à la tête d’une affaire commerciale renommée.
Trois ans plus tard, en 1880, elle crée la Société du Bon Marché, afin d’associer ses collaborateurs à l’entreprise. Chaque employé peut ainsi être associé au bénéfice et faire fructifier un petit capital à 6 % d’intérêt. Cela permet également à l’entreprise de disposer de liquidités.
En 1886, elle inaugure la caisse de retraite des employés.
Elle meurt le 8 décembre 1887 à Cannes. Son fils unique étant décédé avant elle sans descendance, elle lègue sa fortune à ses employés (16 millions de francs répartis selon le poste et l’ancienneté de chacun) et à des oeuvres philanthropiques : Assistance Publique, Institut Pasteur, Maison de la Légion d’Honneur, construction d’un hôpital.
Une autre femme : Clara de Hirsh (1833-1899), poursuivit son oeuvre.
Le square Boucicaut est juste en face du Bon Marché. Le monument de Paul Moreau-Vauthier représente Marguerite et Clara.
A Chalon-sur-Saône, c’est tout un quartier qui porte son nom avec une rue et l’ancienne maternité aujourd’hui fermée.
sources : Wikipedia et l’article de Catherine Zahra publié dans le Journal de Saône-et-Loire du 21/01/2011.
Il existe également un ouvrage récent du groupe d’études historiques de Verdun sur le Doubs.

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